jeudi 12 novembre 2015

Article : Réapprendre à lire...

" En France, depuis longtemps déjà, l’apprentissage de la lecture est l’objet de querelles enflammées et de nombreuses prescriptions. 
Dans le même temps, les enquêtes nationales et internationales ne cessent d’alerter sur une baisse globale des performances des élèves de milieux populaires, alors que, comme chacun sait, mal maîtriser cette compétence fondamentale constitue un lourd handicap pour toute la scolarité. 
Sandrine Garcia et Anne-Claudine Ollier, sociologues et spécialistes des questions d’éducation, ont mené une expérimentation de trois années dans deux écoles d’une ville moyenne recrutant des élèves de milieu populaire. En s’appuyant sur une pédagogie très classique, pourrait-on dire, mettant l’accent sur le déchiffrage des lettres et des sons, associé à un entraînement intensif (renforcé pour les élèves en difficulté), elles ont obtenu des résultats plus que probants. En début de CE1, la part d’élèves en grande difficulté est tombée à 15 % contre 40 % les années précédentes.
Nos deux auteures tirent une leçon sévère de leur expérience. 
Selon elles, une « conception savante et idéalisée » de la lecture a progressivement dominé l’enseignement. Sous la coupe de prescripteurs issus de la recherche (linguistes et autres spécialistes…), les savoir-faire pédagogiques des enseignants ont été remisés au placard. Face aux mauvais résultats, on a pointé du doigt l’origine culturelle des enfants, favorisant une médicalisation et une psychologisation croissante de l’échec scolaire. 
En bref, l’école, prise en tenaille entre prescripteurs et thérapeutes (orthophonistes, psychologues, etc.) est devenue une fabrique de dyslexiques et d’autres handicapés… Alors que, selon les auteures, un « enseignement explicite » fondé sur une« pédagogie de la réussite », pourrait simplement réintégrer la majorité des élèves dans le cursus scolaire."

A lire dans le numéro 275 de Sciences Humaines, novembre 2015

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