Nodules, modification de la qualité de la voix, fatigue vocale ou encore épisode d’aphonie. Les problèmes de voix chez les institutrices atteignent des proportions inquiétantes. Et pour celles du maternel, plus encore que pour celles du primaire.
Angélique Remacle, chercheuse à l’ULg a d’abord fait le constat  : les institutrices sont surreprésentées dans les consultations de phoniatrie, qui soignent les troubles de la voix. Certes, les femmes sont potentiellement plus vulnérables pour des raisons hormonales et de constitution. Mais les logopèdes ont parfois du mal à offrir aux institutrices une réponse adéquate avec les techniques thérapeutiques classiques qui reposent sur la respiration, la phonation et la résonance. Alors pourquoi?
Angélique Remacle a utilisé la technique de la dosimétrie vocale, une méthode novatrice qui mesure la charge vocale lors de leurs activités quotidiennes. Trente-deux institutrices (ne présentant aucun problème de voix) ont été équipées d’un capteur de vibrations, placé sur leur cou durant une semaine de travail. De cette façon, il a été possible de déterminer quand, à quelle fréquence (aigu ou grave) et à quelle intensité (fort ou bas) parle une institutrice maternelle et primaire.
Résultat? Durant une journée de travail, les cordes vocales des enseignantes vibrent 1/5 du temps, soit plus d’un million de fois. À cela s’ajoute environ un demi-million de vibrations comptabilisé en dehors du travail. C’est considérablement plus que les moyennes habituelles pour une femme. Et en dehors de son travail, l’institutrice parle réellement moins longtemps, moins fort et de façon moins aiguë. «Parler 20 % de son temps de travail, c’est énorme. Et en plus elles parlent fort. La profession d’enseignant demande objectivement une utilisation vraiment considérable de la voix », explique Angélique Remacle.
Que faire? «La réduction du bruit environnant représente une des solutions les plus efficaces pour ne pas être victime d’un surmenage vocal. Les praticiens proposent également comme alternative d’utiliser un micro en guise d’amplificateur vocal », souligne l’étude d’Angélique Remacle. La jeune chercheuse attire l’attention sur les lacunes présentes dans le programme de formation des enseignants dont la voix est le principal vecteur de communication. « Il n’y a aucun cours dans la formation des enseignants à ce sujet. On n e leur explique pas comment la voix est produite, quelle est la meilleure technique vocale à adopter pour ne pas se blesser, ni les règles d’hygiène vocale à observer », déplore-t-elle.
Et de tirer la sonnette d’alarme pour que les institutrices arrêtent d’abîmer, au fil des années, leur voix.