Voici un article qui a le mérite d'être clair concernant d'éventuelles dérives liées aux nouvelles technologies et à l'utilisation que certains peuvent en faire, ainsi qu'à quelques idées préconçues. Il est écrit par Estelle Nouel (photo DR) :
"Les méthodes d’exploration du cerveau ont connu des progrès considérables ces dernières années grâce à l’IMR (Imagerie par résonnance magnétique).
Dans son avis n°116 intitulé "Enjeux éthiques de la neuro-imagerie fonctionnelle" rendu public aujourd'hui, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) prend position sur cette technologie aux applications sans cesse renouvelées.
Il rappelle que la neuro-imagerie a radicalement modifié le diagnostic neurologique et apporte des informations précieuses sur le pronostic et sur l’efficacité des traitements appliqués. Aujourd’hui, elle permet, par exemple, de mener des études sur la réorganisation du cerveau après un traumatisme crânien mais aussi de rééduquer certains déficits neurologiques (paralysies, atteintes visuelles…).
Ainsi, en matière de handicap, le champ de la recherche s’annonce immense. « L’IRM représente un formidable atout en matière de diagnostic mais aussi de récupération, explique Yves Agid, neurologue, directeur de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière et l’un des deux rapporteurs de l’avis du CCNE. En effet, le cerveau est extrêmement plastique et compense les déficits de certaines cellules nerveuses. L’idée est donc de favoriser ces phénomènes de compensation avec des médicaments qui agiront sur la repousse neuronale ou même en réimplantant des cellules nerveuses. » Mais le chercheur met en garde : « Il ne faut pas aller trop vite. Le cerveau est très complexe. On ne peut pas jouer les apprentis sorciers ! »
L’IRM fonctionnelle permet-elle de lire dans les pensées ? Non dit le CCNE
Il faut également veiller aux dérives de l’IRM hors du champ médical, a tenu à rappeler le CCNE dans son avis. Car si elle a révolutionné l’étude de la structure et de la composition physico-chimique du cerveau, elle ne peut en aucun cas donner des informations sur la psychologie d’une personne, les mécanismes cérébraux qui sous-tendent la prise de décision ou encore l’identification d’attitudes complexes telles que le mensonge. « Ce n’est pas parce qu’un comportement se traduit par une image que l’image traduit un comportement. Le risque scientifique est donc d’accorder une "vérité scientifique" à l’imagerie médicale alors que celle-ci permet seulement de visualiser des marqueurs physiologiques de l’activité cérébrale. »
En effet, en France, la loi de bioéthique du 7 juillet 2011 a élargi le domaine d’usage de l’imagerie médicale à l’expertise judiciaire, comme c’est déjà le cas dans des pays comme les Etats-Unis ou l’Inde. Faire entrer l’IRM dans les tribunaux comprend de nombreux risques, juge le CCNE. « On ne peut en faire un détecteur de mensonges. » Le Comité recommande donc d’encadrer cette pratique en la réduisant aux préjudices avérés pour permettre une meilleure indemnisation des victimes."
Article d'autant plus important qu'il pourrait sans peine s'appliquer aux champs de la dyslexie...
Source : http://www.faire-face.fr
Date de parution : 22 mars 2012
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