Le Maroc et la pédagogie de l'intégration
Des enseignants se sentent frustrés
Lancée en 2009 à titre d'expérimentation, la Pédagogie de l'intégration dans l'enseignement primaire et secondaire collégial a dû être suspendue après avoir fait l'objet de vives critiques par un pan entier du corps enseignant. Aujourd'hui, les enseignants, pour qui cette approche avait été satisfaisante, regrettent qu'elle n'aie pas été maintenue.
"Les professeurs d'écoles ont regagné lundi leurs classes pour un dernier trimestre, calme pour les uns, frustrant pour les autres. Cette période de la vie scolaire aurait été cruciale pour juger les élèves en termes de maitrise de compétences si les enseignants n'avaient pas repoussé, par une salve de critiques, l'adoption de la pédagogie d'intégration dans l'organisation des apprentissages.
“J'aurais
aimé que la pédagogie d'intégration ait été maintenue, car elle permet
aux élèves d'apprendre à résoudre les situations de la vie quotidienne.
Je regrette qu'elle ait été rejetée par des enseignants qui ne veulent
fournir aucun effort pour rendre les élèves capables d'agir dans leur
milieu.”
Fatima El Gareh, institutrice au primaire
La pédagogie d'intégration, lancée à titre d'expérimentation dès la rentrée 2009-2010, se présente comme le cadre méthodologique adéquat qui permet la mise en œuvre effective de l'Approche par compétences (ApC), adoptée officiellement en 1999 dans l'ensemble des classes marocaines.
A cet effet, des sessions de formation intenses ont été dispensées aux professeurs pour qu'ils s'approprient l'esprit et les finalités de la réforme.
Une approche destinée aux élèves de “faible” niveau
Mais,
un pan entier du corps enseignant a refusé d'emblée d'entendre parler
d'une autre manière de faire et, du coup, de changer leurs
représentations.“La nouvelle approche ne s'adresse qu'aux élèves forts”, “C'est une démarche purement utilitariste”, “Elle est destinée avant tout aux apprentis faibles”, voilà des reproches formulés par les enseignants. D'autres estiment plutôt qu'elle met davantage l'accent sur l'évaluation que sur l'apprentissage, consomme beaucoup de temps, qu'elle est calquée sur des valeurs occidentales ou bien qu'elle ne profite pas aux élèves marocains en raison de la surcharge des classes.
“Ces
raisons avancées par les enseignants dénotent une méconnaissance
manifeste des bienfaits de la nouvelle démarche sur plusieurs plans,
notamment du point de vue de l'efficacité et de l'équité. Les
expériences en la matière sont là pour démentir ces conceptions.”
Noureddine Benayada, inspecteur pédagogique de l'enseignement primaire.
A titre d'exemple, une expérience menée au Gabon auprès de 7.500 élèves en 2003 a révélé, entre autres, que la pédagogie d'intégration ouvre la voie de la réussite à 12% d'élèves supplémentaires par rapport à l'approche sommative.
Au Maroc, comme dans plusieurs autres pays du monde, un grand fossé existe entre la vie à l'école et la vie en société. Les élèves habitués à apprendre par cœur des savoirs pour les restituer le jour de l'examen n'ont pas les outils leur permettant de se débrouiller dans des situations de la vie quotidienne. L'école produit dès lors des jeunes qui ont acquis des connaissances pendant plusieurs années, mais qui sont incapables d'en tirer parti dans la vie de tous les jours."
Source : http://www.aufaitmaroc.com/maroc/societe/2012/4/24/des-enseignants-se-sentent-frustres
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